Des feux ravageant des milliers d'espèces animales et végétales aux
pandémies, en passant par le dérèglement climatique, tout conspire à
signer la faillite du projet moderne de contrôle intégral de la nature
par l'ingénierie humaine. L'effondrement des sociétés industrielles
deviendrait sinon certain, du moins probable. A l'ombre de ce curieux
futur sans avenir, les nouvelles consciences politiques sont façonnées
par un discours écologiste effondriste, qui ne cesse de s'étendre. Voilà
qui paraît encourageant. A ceci près que cette collapsologie, autrement
dit l'étude des effondrements passés, présents et à venir, et des
moyens de s'y préparer, pourrait bien n'être qu'une énième recomposition
du Spectacle. Cet ensemble de constats scientifiques, de grandes
orientations éthiques et de conseils pratiques de survie participe de
l'occultation d'une part de l'écologie politique. Celle qui a pourtant
mené la critique la plus pertinente du capitalisme industriel, et a
proposé les voies les plus sûres pour en sortir. En ce sens, la
collapsologie est l'écologie mutilée.
Renaud Garcia nous présente son livre La collapsologie ou l'écologie mutilée. Édition de L'échapée, 2020. 160 pages.